Témoignage : une rétrospective chez SmartSide



Dans ce témoignage, Julien nous présente sa façon de mener des rétrospectives chez SmartSide. Julien nous a rejoint en mars 2015 et prend en main la partie rétrospective depuis quelques mois chez nous.

C'est aussi l'occasion de voir que nous cherchons toujours à mettre en avant les talents naturels présents dans notre équipe (aujourd'hui je suis Scrum Master) et qu'il est possible d'évoluer facilement vers d'autres activités dans l'équipe. Il faut vraiment que je me décide à faire un article sur ce sujet bientôt ;-)

Merci à Julien d'avoir pris le temps de rédiger cet article !

-- David

Qu'est-ce qu'une rétrospective ?


En agilité, la rétrospective est une réunion positionnée à la fin de chaque sprint pendant laquelle l’équipe Scrum met à profit son vécu sur le sprint écoulé pour améliorer son organisation afin d’être plus efficace. La rétrospective est donc un élément clé du principe d’amélioration continue rendant une équipe auto-apprenante.

Et chez SmartSide


A la fin de tous nos sprints, une journée est dédiée à la revue des nouvelles fonctionnalités développées et à la rétrospective. Cette rétrospective ne doit pas dépasser deux heures.

Pour cela, la team "Scrum Master" se réunit quelques jours avant la rétrospective afin d'analyser le sprint, collecter des intuitions et ressentis.
Cette réunion a pour seul but de préparer des sujets qui peuvent être abordés pendant la rétrospective.

Mon rôle, en tant que facilitateur de la team "Scrum Master", est de préparer et animer une rétrospective attrayante, motivante et participative.

Pour préparer la rétrospective, voici les différentes étapes que je respecte :

Introduction


Cette étape est primordiale. Elle me permet d’obtenir l’attention de l’équipe.
Pour ce faire, je présente brièvement les différents indicateurs que nous maintenons (vélocité, nombre de bugs, etc..)

Je demande si l’équipe veut faire des remarques.

Si oui, je m’assure que ces remarques restent brèves afin de ne pas passer trop de temps sur l’introduction.

Collecte des données


Comme son nom l’indique, cette étape permet de collecter les impressions, ressentis et remarques de l’équipe sur ce qui s’est bien passé pendant le sprint et ce qui pourrait être amélioré.

Pour que cette étape se déroule dans une bonne ambiance, je m’efforce de trouver une activité ludique.

Voici trois activités déjà effectuées chez Smartside :

La rétrospective gourmande

Prenez un sachet de M&M’s. Chaque personne doit en prendre un au hasard.

En fonction de la couleur du M&M’s, la personne doit soit :
  • dire quelque chose qu’elle aimé ou apprécié pendant le sprint
  • dire quelque chose qu’elle n’a pas aimé ou pas apprécié pendant le sprint
  • dire quelque chose qu’elle pense qui peut être amélioré
  • dire quelque chose qui a été couteux en énergie pendant le sprint
  • dire quelque chose qui a généré un regain d’énergie pendant le sprint
  • poser une question à quelqu’un de l’équipe


La rétrospective en s’amusant

Réaliser un plateau de jeu (style jeu de l’oie) sur un tableau blanc et munissez-vous d’un dé. Ce plateau doit contenir plusieurs cases et plusieurs couleurs. En fonction du nombre de personnes présentes, réunissez les en plusieurs équipes. Chaque équipe lance le dé tour à tour et en fonction de la case et de la couleur sur laquelle elle tombe, l’équipe se concerte et doit soit :
  • dire quelque chose qu’elle aimé ou apprécié pendant le sprint
  • dire quelque chose qu’elle n’a pas aimé ou pas apprécié pendant le sprint
  • dire quelque chose qu’elle pense qui peut être amélioré

Réservez dans votre plateau, quelques cases pour laisser place au jeu. Par exemple, pour ma part, j’avais mis des cases de « combat de pouces ». Laisser une place au jeu pendant une activité, permet de détendre, un instant, l’équipe afin que celle-ci puisse s'aérer un peu l'esprit.

La rétrospective de l’avent

Préparez un calendrier de l’avent avec les supports que vous souhaitez. Chaque case du calendrier contient une question sur un événement majeur de l’année. Ensuite, à chaque case retournée, chaque personne évoque ses souvenirs en indiquant si c’était une bonne ou mauvaise expérience.

Suite à cela, nous obtenons une liste de choses qui peuvent être améliorées. Si ce n’est pas le cas, c’est à ce moment que j’expose ce qui a été dit pendant la réunion de la team "Scrum Master".

Ensuite, nous choisissons (par vote) un ou deux thèmes à traiter durant l’étape suivante (en fonction du temps restant). 

Recherche des idées


C’est maintenant que nous avons choisis le ou les thèmes à traiter que mon rôle de facilitateur prend toute son importance.

Mon principal objectif durant cette étape est d’instaurer un débat où tout le monde peut s’exprimer librement sans qu’il soit interrompu tout en respectant le timing de la rétro.

Certes nous devons débattre mais la rétrospective ne doit pas dépasser deux heures! Je prête donc une très grande attention à accorder un temps de parole à ceux qui le demande.

Prise de décision des actions à mener


Une fois que plusieurs idées ont été évoquées, il est temps de prendre des décisions concrètes. Plusieurs solutions sont notées et seules les plus pertinentes doivent être retenues.

Conclusion


La conclusion de la rétrospective rappelle les décisions choisies durant l’étape précédente.

Enfin, s’il reste du temps et/ou si je le souhaite, je demande à l’équipe de me citer les points positifs et à améliorer de la rétrospective.

N’oublions pas que la rétrospective doit permettre l’amélioration continue mais je dois aussi constamment améliorer le déroulement des rétrospectives.

Ma conclusion personnelle


Pour finir, une rétrospective chez SmartSide doit être un moment d'échange et de partage pour nous permettre de toujours nous améliorer et continuer à travailler avec le sourire.

J’ai espoir qu’après chaque rétrospective, nous soyons conscients que nous formons une équipe où chacun est à l’écoute des autres et que nous souhaitons tous faire un travail de qualité tout en y prenant plaisir.

Comment fait on à SmartSide : le recrutement



Puisque nous sommes en pleine session de recrutement à SmartSide, le premier article des Comment fait on à SmartSide... sera consacré à notre méthode de recrutement.

Elle est le fruit de 5 années d'amélioration continue, ponctuées d'échecs et de doutes. Encore aujourd'hui, nous ne considérons pas notre méthode aboutie, dans le sens où elle n'a pas encore été validée par suffisamment de retour d'expérience.

Cependant, et c'est pourquoi je vous la présente dans cet article, elle a quand même fait suffisamment ses preuves pour que vous (et nous) puissiez la prendre au sérieux.

Comment nous prenons les décisions


Tous les recrutements sont décidés par l'ensemble de l'équipe de développement, le Product Owner et le Scrum Master (en fait les Scrum Masters, mais nous parlerons une autre fois de notre façon de gérer les rôles au sein de SmartSide). Les parties prenantes, telles que les membres de l'équipe commerciale par exemple, peuvent participer à l'ensemble du processus si elles le désirent. Elles ont un rôle de conseil mais peuvent également mettre un veto sur un candidat (j'en reparle juste après).

Pour nos prises de décisions nous suivons les principes de l'holacratie, ce qui permet à la fois d'écouter tout le monde et d'écouter chacun. Nous écoutons tout le monde car nous procédons à un vote majoritaire comme dans une démocratie, mais nous écoutons également chacun car nous offrons à tous de poser un véto et de proposer une alternative. Nous cherchons donc à écouter cette chose irrationnelle qu'on appelle "intuition". Inutile de dire que pour qu'un système par véto fonctionne, cela signifie que l'ensemble des membres de l'entreprise a confiance en les autres et qu'aucune notion de politique n'existe. Si votre entreprise ou votre équipe ne réunie pas ces conditions, oubliez tous de suite tout ce que je vais raconter après, vous avez une problématique plus importante à adresser avant !

Voici les différentes étapes que nous suivons pour prendre une décision :
  1. Chaque participant donne sa décision et les raisons de son choix. Tout le monde écoute attentivement et aucun débat n'est autorisé. Seule des questions de précisions peuvent être posées afin de mieux comprendre le point de vu du participant. De même, le participant qui expose les raisons de son choix ne donne pas de commentaires ou d'arguments contre ceux exposés précédemment. Cela permet d'éviter les débats "masqués". L'objectif de tout cela est d'avoir une conversation et non un débat.
  2. A l'issu de ce premier tour de table, le facilitateur propose aux participants de changer leur vote s'ils le désirent. Si un participant change son vote, parce qu'il à été convaincu par les arguments exposés par un autre participant par exemple, il doit simplement présenter à l'assemblé la ou les raisons de son changement. De même que pour la première étape, aucun commentaire, seulement des questions de précision.
  3. Le facilitateur comptabilise les voix et propose la décision qui a remporté le plus de suffrage.
  4. Le facilitateur demande ensuite à chaque participant : "T'opposes-tu à cette décision ?" Si une personne s'oppose à la décision, alors elle doit en proposer une autre et nous recommençons cette étape. Pour s'opposer à une décision, le participant doit, en son âme et conscience, estimer que cette décision est nuisible à l'équipe et/ou à l'entreprise, c'est-à-dire que la situation résultante de cette décision sera moins bonne que la situation actuelle (si elle est égale, l’opposition n'est pas valable).

Pour plus de détails, notamment la gestion des cas particuliers que je n'évoque pas ici (égalité des votes, opposition permanente des participants), référez-vous aux documents en ligne sur l'holacratie, ou faite comme chez nous (c'est à dire pas comme dans les documents officiels ;-) ) gérez la situation en bonne intelligence !

1ère étape : sélection des candidats pour les entretiens


Lorsque le dossier d'un candidat nous semble intéressant, nous lui envoyons un questionnaire dont les réponses nous servirons de base pour décider de recevoir ou non ce candidat. Le questionnaire pose seulement deux questions :
  • Pouvez-vous partager avec nous un extrait de code dont vous êtes   particulièrement fier, dont vous pensez qu'il représente votre philosophie de codage ?
  • Avez-vous déjà rencontré un problème difficile (technique ou relationnel) et comment l'avez-vous résolu ?

Ce questionnaire semble anodin mais il est d'une efficacité redoutable. Il permet en quelques minutes d'identifier les mauvais candidats.

Les exemples que nous avons le plus vécus  :
  • des réponses bâclées qui montrent que le candidat n'est pas motivé pour venir nous rejoindre.
  • un niveau de français faible. C'est incroyable le nombre de réponses qui ont un niveau de français très pauvre. Je n'entends pas par là d'écrire dans un langage soutenu ou d'avoir une orthographe exemplaire, mais simplement de respecter la grammaire française élémentaire (sujet-verbe-complément). Comme tous nos ingénieurs logiciel sont en contact avec les clients, que ce soit pour le support, pour faire des formations ou faire des démos, il est indispensable qu'il sachent s'exprimer correctement.
  • un extrait de code qui ressemble à un tutoriel sur un forum developpez.com. Parfois des candidats qui ont 5 ou 7 ans d'expérience présentent des extraits de code qui montre qu'il ne se sont jamais posé la question de ce qu'est du "code propre" ou du "beau code". Nous ne cherchons pas quelqu'un qui a nécessairement la même définition que nous, mais au moins quelqu'un qui en a une ! Nous voulons sentir la passion du candidat pour son métier.

2ème étape : les entretiens


Les entretiens se font avec l'équipe au complet. Oui oui vous avez bien lu, avec l'équipe au complet !

Les entretiens ont un unique objectif : évaluer si le candidat est en adéquation avec l'équipe. Il s'agit donc que chaque membre de l'équipe évalue avec ses propres critères s'il pense que le candidat fera un bon coéquipier.

Comme notre équipe est principalement composée de personnes dont les motivations profondes sont relationnelles (je reviendrai dans un autre article sur les notions de motivations profondes et de profils d'action), nous apportons beaucoup d'attention à valider les capacités relationnelles du candidat pendant l'entretien. Notre expérience nous a montrée que les recrutements n'échouent jamais pour des questions de compétences.

Un point important de nos entretiens est qu'ils sont en environnement positif, c'est-à-dire que nous essayons de mettre le moins de pression possible au candidat. C'est très important car nous savons que le stress change le comportement d'une personne. Or, nous mettons en place à SmartSide un environnement de travail positif et nous voulons donc voir comment le candidat se comporte dans ce type d'environnement.

3ème étape : la proposition


Ça y est le candidat est sélectionné ! Maintenant il faut lui faire une proposition salariale.

Pour cette décision, ce sont les futurs paires du candidat qui se réunissent et se mettent d'accord. Pour ce faire, ils comparent l'expérience et les compétences du candidat avec les leurs et trouvent un niveau de rémunération qui leurs semble juste en comparaison.

Grâce à cette façon de faire, nous nous prévenons contre tout sentiment d'injustice au sein des équipes car le choix et les critères de celui-ci sont clairement partagés. De plus, cette méthodologie présente l'avantage de permettre une discussion régulière autour des problématiques liées à la rémunération. Ainsi, par exemple, lors d'une embauches cette année, nous nous sommes aperçus que le niveau de rémunération que nous proposions aux candidats était trop faible par rapport au marché. Cela a engendré une augmentation générale des salaires à SmartSide qui à permis de proposer des salaires plus attractifs aux candidats tout en gardant une cohérence de salaire entre tous les salariés actuels.

4ème étape : la période d'essai


La période d'essai fait partie intégrante de notre processus d'embauche. Cela semble une évidence pourtant cela ne l'est que rarement. Combien de fois avez-vous fait 6 mois de période d'essai validée automatiquement sans aucun retour de la part de votre manager ou de votre équipe ? Et pour les moins chanceux, n'a-t-on pas arrêté votre période d'essai le dernier jour possible pour que le préavis soit respecté ? Je trouve que ces deux pratiques, que la conclusion soit positive ou négative, sont inhumaine. On vous fait comprendre que votre personne n'est pas intéressante, que vous êtes une ressource parmi d'autres. Dans ces conditions, comment créer des équipes soudées et performantes ?

Nous prenons le contre-pied total de ces pratiques, nous souhaitons montrer au candidat que nous mettons le paquet sur lui, que nous ne l'avons pas choisit par hasard et que nous sommes là pour l'aider à réussir. 

Nous avons vu que les entretiens servaient surtout à valider le côté relationnel. L'objectif de la période d'essai à SmartSide est donc d'évaluer les compétences techniques du candidat, ou plutôt son potentiel de développement. C'est l'épreuve du feu en quelque sorte. Ici pas de théorie, on travail sur les nouvelles fonctionnalités du produit.

On ne commence pas par de la correction de bug comme on le voit dans beaucoup de sociétés. Pour moi c'est une façon de dire au jeune recruté : "Je n'ai pas que ça à faire, apprend le système tout seul en corrigeant des bugs. Ah, au fait, si tu veux il y a de la doc (obsolète) aussi pour apprendre.".

Au contraire, ici on va accompagner le jeune recruté, on va lui donner tous les moyens de réussir. Pendant 1 à 2 mois il va travailler en pair programming (grosso modo ça veut dire 2 personnes derrière le même clavier) toute la journée. Il va passer de mains en mains pour apprendre un maximum de chose sur le système, nos outils, nos techniques de codage et cela va également permettre de faire connaissance avec tout le monde.

Pour l'équipe, ce sera l'occasion de valider le recrutement en observant les progrès réalisés par le candidat et en confirmant les bonnes relations de travail avec celui-ci. Nous nous intéressons  uniquement aux progrès et non aux compétences. Nous voulons voir si le candidat est capable de se remettre en question, d'être dans une position apprenante. Nous voulons voir si le candidat est capable de mettre son expérience et ses connaissances au service de l'équipe (et non pas l'inverse) dans l'intérêt de la société

Pour suivre les progrès du candidat, nous utilisons une grille d'évaluation que nous mettons à jour toutes les deux semaines avec lui. Nous avons choisit d'utiliser des smileys pour l'évaluation car nous ne souhaitons pas mettre de notes. Les smileys représentent notre satisfaction mais en aucun cas un niveau absolu : un débutant aura un smiley très positif avec beaucoup moins de compétences ou de connaissances qu'un expérimenté.

De plus, les smileys nous permettent de ne pas simplement associer notre satisfaction à un niveau brut, mais également aux efforts accomplis ou à la motivation. Ainsi, cette notation se veut bienveillante et encourageante.

Enfin, elle permet au candidat de clairement se positionner par rapport à nos attentes, de savoir où il en est, et d'ajuster son comportement en fonction.


Conclusion


Désormais, il ne tient qu'à vous de recruter humainement et d'améliorer votre vie au travail. N'hésitez pas à donner vos avis en commentaires, ils nous permettront d'enrichir notre vision et de nous donner de nouvelles idées !




Générations X, Y, Z


Une vidéo très intéressante qui permet de mieux comprendre les attentes et les besoins des différentes générations.

Témoignage : l'entreprise libérée à SmartSide (partie 3)


Suite et fin !

Alexandre :

Haha ! Tu dis que j’étais « trop complexe » pour toi mais je trouve que t’as un petit côté analytique pas mal développé quand même et que la finesse de ton observation en dit long aussi.

Cette fois-ci seulement quelques questions supplémentaires :

Dans une perspective de co-responsabilité, pourquoi la dimension financière est-elle dissociée du reste et pourquoi en êtes-vous dissocié ? Si l’entreprise a des difficultés financières, la transparence de la gestion financière vous permettrait peut-être de réguler collectivement vos actions de manière à ajuster certaines variables (gamme de produit, nombre d’heures de travail, etc.). Dans la firme de conseil en management dans laquelle je travaillais préalablement, les finances étaient gérées de manière transparente et nous pouvions par exemple collectivement savoir qu’à un moment de l’année, nous choisissions par exemple de conserver l’équipe au complet malgré une baisse des revenus bruts et nets avec pour conséquence de nous faire piger dans la cagnotte de prime de fin d’année. Mais nous aurions aussi pu choisir une autre option, le vote est secret. Est-ce que vous savez les salaires de chacun ou pas ? Est-ce que certains ont déjà demandé à avoir accès à la dimension client et gestion financière ou est-ce un choix collectif d’avoir dissocié le financier ?

Est-ce qu’ils utilisent mot pour mot le terme de « bonheur au travail » pour vos pratiques d’auto-gestion ?

Vraiment intéressant votre mécanisme d’élection et de recrutement, ça doit vraiment être une belle expérience à vivre.

Et oui lors du blocus j’avais participé dans 2-3 médias… j’avais une grande-gueule à l’époque, je me suis « un peu » calmé de ce côté-là.

Wendy :

En fait, si on a dissocié la partie financière du reste c'est surtout pour que l'équipe qui développe le produit reste concentrée sur son travail et ne soit pas stressée à l'idée que la boite peut couler d'un moment à l'autre. Cela ne nous empêche pas d'être transparent, nous évitons juste de partager chaque petite étape avec tout le monde. Par contre, tout le monde connaît le résultat et sait si nous devons faire des efforts financièrement ou non, tout au long de l'année.

Chacun connaît le salaire de son voisin et c'est d'ailleurs une décision prise de manière collective aussi lors des embauches. Il est impossible pour une personne de négocier en direct son salaire avec un “supérieur” ou quoique ce soit. C'est avec son équipe qu'il discute. Idem pour les primes et les augmentations, c'est l'équipe qui prend la décision de manière collective.

Actuellement, personne dans l'équipe de développement du produit n'a fait la demande d'accès à la dimension client et gestion financière (qui sont d'ailleurs elles aussi dissociées). Mais si quelqu'un le voulait, il pourrait. Je ne sais pas pour mes collègues, mais pour ma part, le côté client m'intéresse, par contre les finances… Je laisse volontiers ma place.

Nous n'utilisons pas du tout le terme “bonheur au travail”, nous l'avons découvert lors du reportage. En fait, nous n'utilisons pas de terme du tout et ce serait difficile de catégoriser nos pratiques car elles sont nombreuses et évoluent sans cesse. C'est simple, toutes les 2-3 semaines, nous organisons une rétrospective sur les 2-3 semaines passées afin d'en tirer des leçons et s'améliorer si besoin. Donc les pratiques peuvent changer régulièrement. Alors bien sur, on ne met pas en branle le système à chaque rétrospective car elles sont plus particulièrement axées sur les semaines qui viennent de passer, cependant à chaque “release” du produit nous organisons une plus grand rétrospective, qui peut durer jusqu'à 3 jours et qui elle, peut tout changer.

En discutant avec l'initiateur de ces méthodes hier au sujet de ton billet de blog, il m'a dit : “ Ce n'est pas pour faire fructifier la boite que j'ai voulu une autre organisation au départ, juste parce que tout ce que j'avais vu ailleurs m'avait révolté, mais il s'avère qu'en plus de rendre les gens plus heureux, ils sont plus "performants” ! C'est une belle découverte, que demande le peuple ? “

Alexandre :

Encore un grand merci pour ce partage d'expérience Wendy, cela a grandement enrichi ma réflexion, profite bien de cette expérience humaine unique !

Témoignage : l'entreprise libérée à SmartSide (partie 2)



Suite du billet précédent. C'est le temps des questions et des interrogations.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Alex :

Un grand merci Wendy d’avoir pris la peine de nous partager ta réflexion et ton expérience malgré le fait que ta première contribution ait été entièrement effacée… je sais à quel point c’est frustrant.

Votre expérience est vraiment passionnante ! Cela doit être particulièrement stimulant de vivre cette forme de gestion alternative et d’en constater les avantages et les inconvénients. Tu es une personne riche humainement et intellectuellement ouverte alors je ne suis pas étonné que tu te sois naturellement retrouvée dans ce type d’organisation

Ton témoignage conforte mon intuition initiale concernant le fait que c’est une avancée principalement positive en management et qu’elle génère certainement plus de positif que de négatif pour les employés pour le moment. Voici cependant quelques questions :

Lorsque tu parles des catégories « fondateurs » et « employés », sont-elles exprimées ainsi ? Si c’est le cas, même si je comprends le principe d’individus ayant initié le développement de l’entreprise, je pense que l’entreprise « se fonde » de manière continue, par le travail quotidien de l’ensemble de ses membres, et qu’une telle distinction peut alors maintenir une forme de hiérarchie plutôt qu’une distinction davantage liée à la fonction. Dans la suite de ton exemple cependant, j’ai l’impression que « fondateur » correspond davantage à une dénomination relative à une fonction justement, comme un « leader », un chef d’équipe ou de produit, peux-tu éclaircir ce point ?

Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour évaluer les candidats aux élections ? Chaque individu choisit-il ceux qui lui paraissent les plus appropriés ou avez-vous collectivement identifié quelques critères de base pour faire ce match entre candidats et postes (compétences, etc.) ?

Tu dis que vous vous fixez chacun vos propres critères de performance : est-ce que tu observes cependant une certaine forme d’uniformisation, de normalisation, de la définition de ces critères ? Ou au contraire, cette responsabilité donnée aux employés induit une multiplication des critères de performance avec lesquels les employés jugent leur travail ?

Est-ce que vous décidez également de manière collective des personnes qui seront licenciées ?

La flexibilité dans l’attribution des postes ou des tâches selon les forces de chacun et les compétences requises dans un contexte spécifique (rush, etc.) semble très intéressante. J’aimerais tellement vous observer et étudier cela

Quand tu dis « qu’il te faudrait un livre entier pour témoigner correctement », je pense sincèrement que tu devrais commencer à collecter des données (tes impressions, l’évolution des pratiques, etc.) ou solliciter des étudiants au doctorat ou des chercheurs universitaires pour capitaliser sur cette expérience unique que vous vivez au quotidien ! Ce travail pourrait vous permettre de catalyser les apprentissages issus de cette expérience.

Je suis vraiment content de savoir que pour toi Wendy « le bonheur au travail » est une réalité. Mon intérêt n’est d’ailleurs pas de critiquer cet élan des « entreprises libérées », mais d’essayer d’y poser un regard critique pour en tirer l’ensemble des apprentissages (les sources d’émancipation comme d’aliénation).

Ça me fait drôle de t’entendre dire qu’à la fac j’étais déjà branché philo car à l’époque on essayait de me convaincre que j’étais un scientifique dans l’âme et finalement on voit bien avec le temps que le dicton « Chassez la nature et elle revient au galop ! » a une fondement de vérité…

Michèle :

J'aimerais ajouter une question : quelles sont les formations de base que tout employé est appelé à suivre (gestion de conflit, facilitation, self management, etc) est ce que vous échangez souvent sur les valeurs de l'organisation? Est ce que vous remettez souvent en question des postes/tâches. Comment ça se passe?

Jérôme :

Vraiment intéressant d'en apprendre plus sur ce type d'organisations tellement différentes de ce que la plupart d'entre nous ont connu dans leur parcours !

Wendy :

Ahah, ma réponse est trop longue alors je la coupe en 2 ^^

Bien bien bien, je vais essayer de répondre à toutes les questions une par une sans trop m’égarer cette fois. Je vais mettre des petits numéros pour m’y retrouver moi même.

1) Lorsque je parle des fondateurs, ce sont juste les 4 gars qui ont monté la boite. Ceux sont eux qui se prennent de face la pression des clients et qui gèrent les histoires financières, les investissements en tout genre histoire de ne pas nous perturber avec tout ça. Je les appelle fondateurs tout du long mais il faut savoir qu’il n’y a pas de distinction chez nous, sinon celles faites au niveau des statuts de la boite. Quand ils ont créé la société, ils se sont réparti les titres : PDG, directeur commercial, directeur technique et directeur financier. Mais en vrai, ils ont tous commencé par ne pas toucher de salaire pendant 3 ans et allonger des lignes de codes jours et nuits. Ils ont vite embauché des ingénieurs qu’ils ont payé du mieux qu’ils ont pu tandis qu’eux ne touchaient toujours rien. Au sein de l’entreprise, nous ne faisons pas de différence entre eux et nous, ils travaillent au milieu de nos bureaux et on s’amuse juste à plaisanter du titre de PDG de l’un d’eux ^^ Ces titres ne sont que contractuels. Bien entendu, ils étaient au départ, les leaders de la société, mais il n’y avait pas grand monde à leader étant donné qu’il n’y a eu pendant longtemps qu’un seul employé. Mais dès qu’ils ont pu, ils ont commencé à introduire cette notion de « bonheur au travail ».

2) Les élections : ce sont des élections sans candidat. Nous définissons tous ensemble les qualités requises pour remplir le poste. Ensuite, chacun vote ouvertement pour une personne qu’il pense remplir les conditions en expliquant clairement son choix. Souvent, une personne seule ne remplit pas toutes les qualités citées mais nous essayons de trouver celle qui correspond le mieux. Une fois que tout le monde a partagé son choix et les raisons de celui-ci, chacun à le droit de changer son vote, sans explication particulière, en général juste parce qu’il a été convaincu des arguments de son collègue. Si une majorité claire se dégage, le facilitateur de la réunion propose à l’assemblée d’élire cette personne. Si quelqu’un refuse, il doit dire explicitement pourquoi cette personne n’est pas à même de remplir le poste et doit proposer quelqu’un d’autre (ce n’est jamais arrivé chez nous). Le candidat désigné a bien sûr le droit de refuser le poste en donnant ses raisons et nous choisissons quelqu’un d’autre. S’il n’y a pas de majorité, soit le facilitateur propose un candidat, soit il demande à l’assemblée si quelqu’un veut le faire. Le premier à proposer est souvent celui qui a le dernier mot car pour refuser il faut avoir de trèèèèèsss bonnes raisons, du genre : « cette personne est complètement incompétente pour ce poste ». Mais si c’était le cas, elle n’aurait même pas recueilli un vote. Petite précision, chacun peut voter pour lui même.

3) Au sujet des critères de performance, c’est plutôt le second choix. « Ou au contraire, cette responsabilité donnée aux employés induit une multiplication des critères de performance avec lesquels les employés jugent leur travail? » En réalité, personne ne juge personne. Cependant, si l’on doit faire un reproche à quelqu’un c’est en fonction de sa zone de talent qui est identifiée dès le début du recrutement (par le fameux profile Action Types). Par exemple, j’ai un collègue qui adore papillonner. On ne va pas le juger sur sa capacité à rester focus sur un seul et même sujet car on sait que ce n’est pas son truc. A l’inverse, j’aime être le plus focus possible et je suis très séquentielle dans mon travail. Personne ne va venir me reprocher de ne pas faire 2 choses à la fois.

La réalité est qu’on ne juge pas la performance. Alors bien sur on a quelques indicateurs qui permettent au Product Owner de planifier sa roadmap. Mais ces indicateurs sont basés sur ce qui a été observé par le passé. Si sur la dernière année on a été capable de produire tant, alors on suppose qu’on va produire autant la prochaine année (je donne la définition simpliste sans prendre en compte toutes les perturbations qui peuvent arriver et qui bien souvent peuvent être prévues, mais c’est surtout pour partager l’idée). Le seul a même de dire qu’il n’a pas été performant est l’employé lui même. Et ça remonte régulièrement : « J’ai eu du mal pendant ce sprint car il y a eu beaucoup de perturbation et j’ai perdu le focus ». Les autres vont répondre : « Ah mince, comment est-ce qu’on peut t’aider la prochaine fois pour que tu ne sois pas autant affecté par cette perturbation ? » Le climat de confiance qui règne dans l’entreprise nous permet de partager absolument tous nos problèmes avec nos collègues, car on sait que tout le monde va faire en sorte de trouver une solution.

En effet, nous décidons aussi collectivement des personnes qui seront licenciées. Mais à vrai dire, nous n’avons jamais licencié quelqu’un qui avait passé sa période d’essai. Par contre les périodes d’essai chez nous sont un peu rudes. Mais les candidats prennent le ton lors de l’entretien d’embauche qui se déroule avec absolument toutes les personnes de l’entreprise (nous ne sommes pas très nombreux, le jour où on sera 50, on changera certainement de technique). Les entretiens sont très faciles car il suffit de coller au point de vu relationnel pour entrer dans la team. Nous nous attardons ensuite sur les compétences de chacun. Comme on aime le dire, nous recrutons un potentiel plutôt que des compétences. Nous nous efforçons lors de la période d’essai de faire monter la personne en compétence s’il elle ne les a pas. Pour en arriver là, nous nous sommes basés sur notre vécu. Au début, nous recrutions avec des tests techniques ultra poussés. Puis on s’est rendu compte qu’à chaque fois qu’on s’est séparé d’une personne c’est parce que ça ne collait pas d’un point de vu relationnel, jamais à cause des compétences. Nous pouvons tous apprendre des choses, mais changer notre personnalité est quelque chose de très difficile.

Alors oui, la décision de garder ou non une personne est prise de façon collégiale et c’est d’ailleurs quelque chose d’assez rude à vivre.

5) Pour répondre à Michele : nous nous auto-formons et évoluons ensemble. Mais nous commençons par partager notre expérience avec les gens qui nous rejoignent, sur le pourquoi du comment nous en sommes arrivés là. La seule chose commune à chacun est l’explication de son profil Action Types et des profils de ses collègues afin d’apprendre à se connaître et à connaître les autres. Cela nous permet de travailler avec des gens totalement à l’opposé de nous sans nous énerver et c’est tout con dit comme ça mais c’est un progrès énorme. On s’aperçoit avec ces profils que notre collègue qu’on pensait complètement idiot n’a en fait pas du tout la même façon de penser que nous, mais est tout aussi compétent. Nous savons maintenant reconnaître les forces de chacun. Ce qui est le plus long à apprendre pour tout le monde est de reconnaître ses faiblesses et de savoir s’appuyer sur les autres pour les combler. Nous n’imposons aucune formation, mais si quelqu’un ressent le besoin d’évoluer sur un sujet, il est libre de demander à sa team de faire une formation. Nous nous appuyons énormément sur l’expérience de notre Coach Agile qui est très renseigné sur les sujets tels que la gestion des conflits, la facilitation des réunions, Action Types (il est certifié) et qui partage avec nous tout ce qu’il apprend. Son poste est d’ailleurs tournant aussi, si quelqu’un se sent de prendre sa place il peut le partager avec ses collègues qui penseront à lui à la prochaine élection. D’ailleurs chacun peut décider de devenir « padawan » et apprendre avec le responsable d’un poste pendant son mandat afin d’envisager de prendre sa place à la prochaine élection.

6) Ce qui m’amène à la dernière question (quelle transition magistrale !) : Il me semble que depuis le début de l’entreprise nous n’avons jamais remis en question un poste pendant son mandat. Nous faisons de nouvelles élections tous les 6-8mois et c’est à ce moment que ça tourne. A vrai dire, le poste de Coach n’a tourné qu’une seule fois car la personne qui s’était lancée dans l’expérience à préféré laisser sa place la fois d’après. Mais d’autres postes tournent quasiment à chaque élection. La encore selon le contexte: production intensive, prospection commerciale, pilotes avec clients…

Par contre si quelqu’un s’aperçoit d’un gros problème (ou alors le responsable du poste lui même), il peut demander une nouvelle élection à action immédiate. Il me semble que la seule fois où s’est arrivé, c’est parce que le responsable du poste croulait sous le travail et ne s’en sortait plus car il devait cumuler le poste en question en plus d’un autre (je vous passe les détails car c’est encore une histoire de fondateur qui doit s’occuper d’une levée de fond, trouver des financements pour sa boite et en parallèle gérer les clients et l’équipe, ça faisait beaucoup de choses).

J’espère avoir répondu aux diverses interrogations et maintenant je sauvegarde mon texte avant d’envoyer alors je serai à même de prendre quelques minutes pour compléter s’il le faut.

A la fac je te voyais plus intéressé par la politique et les débats philosophico-sociaux que par les sciences, je me souviens encore du blocus de l’université et de tes réactions ! Tu avais d’ailleurs témoigné devant une caméra, non ? (je confonds peut-être, c’’était il y a longtemps maintenant). Je suis contente que tu aies trouvé ta voie et je te souhaite de ne jamais perdre cet œil critique, c’est comme ça qu’on fait avancer les choses.

Témoignage : l'entreprise libérée à SmartSide (partie 1)


Pour ce premier billet, j’aimerais partager avec vous le témoignage de Wendy sur sa vision de l’entreprise libérée à SmartSide. Cela m’a semblé important de commencer mon blog par ce témoignage car c’est lui qui m’a fait réaliser que ce que nous faisons à SmartSide est “grand” et qu’il faut absolument le partager avec d’autres, pour montrer que c’est possible !

Merci encore à Wendy pour l’avoir partagé avec nous.

J’espère que cela vous donnera des idées et du courage pour les réaliser !

Mars 2015
Un ami chercheur en responsabilité sociale des entreprise tient un blog et a récemment écrit un billet au sujet du fameux reportage « le bonheur au travail ».
Ayant partagé ce documentaire avec vous après l'avoir vu et étant vivement intéressée par le sujet j'ai pris le temps de lire son billet et de répondre à son fil de discussion sur FB.

Alexandre (le fameux ami) :

Je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire un nouveau billet de blog suite au visionnement de ce documentaire et des lectures vers lesquelles il m'a amené! Dépêchez-vous, il ne reste plus que 50 jours pour visionner le documentaire, mais vous avez tout le temps que vous voulez pour lire mon billet de blog :-)
“Le discours est joyeux, il semble naturel, l’enfer du contrôle autoritaire et du manque de confiance qui minait l’estime de soi semble avoir laissé place à une utopie marxiste qui cohabite avec un succès économique flamboyant. Ma paranoïa naturelle (ou peut-être un tout petit peu fondée empiriquement, si si!) tend à me faire crier au complot et à chercher la petite bête.”
Les employés de ces « entreprises libérées » disent qu’ils ont trouvé la recette du bonheur au travail. Rêve ou réalité?


Wendy :

Salut Alex ! Bon, après mon grand désespoir suite au bug qui a fait disparaitre mes deux commentaires ultra-longs, je vais essayer d'en reconstituer le contenu du mieux que je peux. Se souvenir d'une réaction spontanée n'est pas chose aisée pour moi. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à reformer mes idées, donc je repars à zéro et tu peux être certain que ça n’aura rien à voir avec ce que j’avais dis la première fois.

Quoiqu’il en soit je disais au moins que je travaille dans une entreprise telle que celles décrites dans le reportage que j’ai d’ailleurs regardé avec le plus grand intérêt quand il est passé à la TV. Alors rêve ou réalité, je ne prétends pas détenir la réponse absolue mais sache que dans mon cas je penche plutôt pour « réalité ». Nous sommes une équipe d’ingénieurs en auto-gestion totale, à tel point que la seule hiérarchie que l’on trouve chez nous est purement contractuelle : fondateurs et employés. Tous les postes sont tournants et votés environ 2 fois par an à l’aide d’une élection sans candidats, qui peut amener à débouter un fondateur pour mettre un employé à sa place (pas de fondateur bien sur mais la place qu’il occupe dans l’équipe, Product Owner par exemple, car oui, nous sommes des Agilistes dans l'âme, mais ça c'est une autre histoire). Nous avons la responsabilité de tout et les fondateurs sont là pour gérer en grande partie la relation client et nous permettre de « performer » en nous protégeant du stress. Alors je sais, la performance est un mot qui fait peur et qu’il faudrait définir précisément sachant que les critères de performances ne seront pas les même partout et pour toutes les personnes. Nous visons une seule chose : « être dans un état de flow », c’est à dire que tout coule sans accroc et que du coup, la performance soit au rendez-vous. Mais attention, chez nous, la notion de performance n’est pas la même pour tous et chacun se fixe ses propres critères. Chacun sait et est le seul juge pour dire s’il a été performant ou pas. Les fondateurs ne nous demandent d’ailleurs aucun compte car ils savent que nous avons fait de notre mieux étant donné les circonstances. Cette confiance mutuelle nous permet d’avancer au mieux.

Chez nous la performance passe en grande partie par du repos. Nous avons instauré des horaires maximum à ne pas dépasser, des routines de repos (jeux de sociétés, coin de repos, table de ping pong, waf). En me lisant moi même, je sais que ça peut faire peur, car cela me fait penser à google dont je pense le plus grand mal. Attention, nous n’avons pas mis en place tout ça pour retenir les gens au boulot et faire que leur vie professionnelle devienne leur vie tout court. Ce sont juste des exemples de nos moyens de détente. Nous tâchons d’être reposés pour que le travail que l’on produit soit de qualité. Un membre de l’équipe épuisé peut mener l’équipe à l’échec alors nous veillons chacun à ce que notre voisin soit bien.

Nous analysons aussi les profiles Action|Types (l’équivalent du MBTI mais via un test physique plutôt que psychologique, le tout ponctué par les motivations profondes, mais là aussi c'est un autre sujet bien vaste) de chaque personne afin de les mettre dans leur zone de talent. Par exemple, ma zone de talent c’est la production efficace, celle de mon voisin c’est le brainstorming. Du coup nos postes évoluent selon le contexte. En cas de production intense, je me dégagerai en tant que leader naturel du groupe, en phase de brainstorming produit, mon collègue sera le leader naturel.

Nous faisons nous même nos recrutements, nous décidons ensemble des salaires, primes et augmentations de chaque personne de la société (même les fondateurs). Chacun est « jugé » par ses pairs et non par un manager qui ne connaît rien à son boulot. Ce n’est pas la démocratie mais l’holacratie qui règne chez nous et bien sur, « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » donc ce n’est pas tous les jours facile. Je te passe les milliers d’autres détails organisationnels car il me faudrait un livre entier pour témoigner correctement.

Cependant, pour avoir travaillé dans des grandes multinationales, des moyennes entreprises et même une petite PME avant d’en arriver là, je peux t’assurer que jamais je ne me suis levée le matin en étant aussi heureuse d’aller travailler. Alors effectivement, il faudrait définir la notion de « bonheur » et peut-être n’est-ce que le « non malheur », mais en réalité, je n’ai jamais été vraiment malheureuse avant. Je réalise juste aujourd’hui quel bonheur cela peut être de travailler dans une entreprise où l’on se sent reconnu, apprécié et qui compte vraiment sur nous pour réussir.

Certainement que l’idée à la base pour tous les chefs d’entreprise est de faire performer son équipe afin de faire vivre la société, mais si la société ne vit pas, nous perdons tous notre travail.

Ce fut quand même légèrement différent chez nous, car l’intention de la personne qui a mis ça en place était surtout d’être bien au travail. A l’époque où l’idée lui est venue (à la création de la société), la « performance » n’était pas son soucis. Son attention aujourd’hui est surtout de s’assurer que cette « performance » ne nous affecte pas négativement.

Désolée, tout ça est un peu décousu et je suis certaine d’avoir oublié 80% des choses que j’avais évoquées la première fois mais c’est déjà ça.

Au plaisir de lire à nouveau tes billets de blog. Et d’ailleurs, tu n’as pas changé, à la fac déjà tu étais très branché philo, trop pour mois d’ailleurs, j’avais du mal à te suivre.