Témoignage : l'entreprise libérée à SmartSide (partie 1)
Merci encore à Wendy pour l’avoir partagé avec nous.
J’espère que cela vous donnera des idées et du courage pour les réaliser !
Mars 2015
Un ami chercheur en responsabilité
sociale des entreprise tient un blog et a récemment écrit un billet
au sujet du fameux reportage « le bonheur au travail ».
Ayant partagé ce documentaire avec
vous après l'avoir vu et étant vivement intéressée par le sujet
j'ai pris le temps de lire son billet et de répondre à son fil de
discussion sur FB.
Alexandre (le fameux ami) :
Je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire un nouveau billet de blog suite au visionnement de ce documentaire et des lectures vers lesquelles il m'a amené! Dépêchez-vous, il ne reste plus que 50 jours pour visionner le documentaire, mais vous avez tout le temps que vous voulez pour lire mon billet de blog :-)“Le discours est joyeux, il semble naturel, l’enfer du contrôle autoritaire et du manque de confiance qui minait l’estime de soi semble avoir laissé place à une utopie marxiste qui cohabite avec un succès économique flamboyant. Ma paranoïa naturelle (ou peut-être un tout petit peu fondée empiriquement, si si!) tend à me faire crier au complot et à chercher la petite bête.”Les employés de ces « entreprises libérées » disent qu’ils ont trouvé la recette du bonheur au travail. Rêve ou réalité?
Wendy :
Salut Alex ! Bon, après mon grand désespoir suite au bug qui a fait disparaitre mes deux commentaires ultra-longs, je vais essayer d'en reconstituer le contenu du mieux que je peux. Se souvenir d'une réaction spontanée n'est pas chose aisée pour moi. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à reformer mes idées, donc je repars à zéro et tu peux être certain que ça n’aura rien à voir avec ce que j’avais dis la première fois.Quoiqu’il en soit je disais au moins que je travaille dans une entreprise telle que celles décrites dans le reportage que j’ai d’ailleurs regardé avec le plus grand intérêt quand il est passé à la TV. Alors rêve ou réalité, je ne prétends pas détenir la réponse absolue mais sache que dans mon cas je penche plutôt pour « réalité ». Nous sommes une équipe d’ingénieurs en auto-gestion totale, à tel point que la seule hiérarchie que l’on trouve chez nous est purement contractuelle : fondateurs et employés. Tous les postes sont tournants et votés environ 2 fois par an à l’aide d’une élection sans candidats, qui peut amener à débouter un fondateur pour mettre un employé à sa place (pas de fondateur bien sur mais la place qu’il occupe dans l’équipe, Product Owner par exemple, car oui, nous sommes des Agilistes dans l'âme, mais ça c'est une autre histoire). Nous avons la responsabilité de tout et les fondateurs sont là pour gérer en grande partie la relation client et nous permettre de « performer » en nous protégeant du stress. Alors je sais, la performance est un mot qui fait peur et qu’il faudrait définir précisément sachant que les critères de performances ne seront pas les même partout et pour toutes les personnes. Nous visons une seule chose : « être dans un état de flow », c’est à dire que tout coule sans accroc et que du coup, la performance soit au rendez-vous. Mais attention, chez nous, la notion de performance n’est pas la même pour tous et chacun se fixe ses propres critères. Chacun sait et est le seul juge pour dire s’il a été performant ou pas. Les fondateurs ne nous demandent d’ailleurs aucun compte car ils savent que nous avons fait de notre mieux étant donné les circonstances. Cette confiance mutuelle nous permet d’avancer au mieux.Chez nous la performance passe en grande partie par du repos. Nous avons instauré des horaires maximum à ne pas dépasser, des routines de repos (jeux de sociétés, coin de repos, table de ping pong, waf). En me lisant moi même, je sais que ça peut faire peur, car cela me fait penser à google dont je pense le plus grand mal. Attention, nous n’avons pas mis en place tout ça pour retenir les gens au boulot et faire que leur vie professionnelle devienne leur vie tout court. Ce sont juste des exemples de nos moyens de détente. Nous tâchons d’être reposés pour que le travail que l’on produit soit de qualité. Un membre de l’équipe épuisé peut mener l’équipe à l’échec alors nous veillons chacun à ce que notre voisin soit bien.Nous analysons aussi les profiles Action|Types (l’équivalent du MBTI mais via un test physique plutôt que psychologique, le tout ponctué par les motivations profondes, mais là aussi c'est un autre sujet bien vaste) de chaque personne afin de les mettre dans leur zone de talent. Par exemple, ma zone de talent c’est la production efficace, celle de mon voisin c’est le brainstorming. Du coup nos postes évoluent selon le contexte. En cas de production intense, je me dégagerai en tant que leader naturel du groupe, en phase de brainstorming produit, mon collègue sera le leader naturel.Nous faisons nous même nos recrutements, nous décidons ensemble des salaires, primes et augmentations de chaque personne de la société (même les fondateurs). Chacun est « jugé » par ses pairs et non par un manager qui ne connaît rien à son boulot. Ce n’est pas la démocratie mais l’holacratie qui règne chez nous et bien sur, « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » donc ce n’est pas tous les jours facile. Je te passe les milliers d’autres détails organisationnels car il me faudrait un livre entier pour témoigner correctement.Cependant, pour avoir travaillé dans des grandes multinationales, des moyennes entreprises et même une petite PME avant d’en arriver là, je peux t’assurer que jamais je ne me suis levée le matin en étant aussi heureuse d’aller travailler. Alors effectivement, il faudrait définir la notion de « bonheur » et peut-être n’est-ce que le « non malheur », mais en réalité, je n’ai jamais été vraiment malheureuse avant. Je réalise juste aujourd’hui quel bonheur cela peut être de travailler dans une entreprise où l’on se sent reconnu, apprécié et qui compte vraiment sur nous pour réussir.Certainement que l’idée à la base pour tous les chefs d’entreprise est de faire performer son équipe afin de faire vivre la société, mais si la société ne vit pas, nous perdons tous notre travail.Ce fut quand même légèrement différent chez nous, car l’intention de la personne qui a mis ça en place était surtout d’être bien au travail. A l’époque où l’idée lui est venue (à la création de la société), la « performance » n’était pas son soucis. Son attention aujourd’hui est surtout de s’assurer que cette « performance » ne nous affecte pas négativement.Désolée, tout ça est un peu décousu et je suis certaine d’avoir oublié 80% des choses que j’avais évoquées la première fois mais c’est déjà ça.Au plaisir de lire à nouveau tes billets de blog. Et d’ailleurs, tu n’as pas changé, à la fac déjà tu étais très branché philo, trop pour mois d’ailleurs, j’avais du mal à te suivre.
Du wendy dans toute sa splendeur. Concret, enthousiasme et engageant
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